vendredi 11 juin 2010

Un billet de Christian Thorel d'Ombres Blanches

http://blog.ombres-blanches.fr/

Tempête à Brest

A Brest, la librairie Dialogues a la pilule aussi amère que l’eau du port. 150 mgde principe actif dans un médicament suspendu pour toxicité par les autorités sanitaires sont à la base d’un livre de 250 grammes dont le principe actif (le constat et l’analyse du médicament) n’est pas vraiment remis en cause. C’est l’emballage du livre qui a déclenché la tempête. Et l’action en justice des laboratoires Servier, dont le produit au nom si évocateur de Médiator se révèle aussi toxique que Terminator. C’est du moins l’analyse qu’en produit l’auteur du livre, médecin spécialiste aux hôpitaux de Brest. La justice a tranché: si les conclusions de l’investigation ne sont pas remises en cause, l’emballage est prohibé. Retour à l’imprimerie. Frais de justice, de réimpression et de destruction de stocks, pour un éditeur qui débute, notre confrère de la librairie Dialogues à Brest.

Au préalable redire qu’en matière de liberté des expressions, il est entendu qu’on ne transige pas. Dans le choix d’imprimer comme dans celui de diffuser. Les tribunaux sont là pour intervenir quand des excès graves sont constatés…et prouvés. Les tribunaux, oui, mais pas toujours la justice. La décision subie à Brest par notre confrère de Dialogues vient illustrer ce propos.

Nous ne sommes certes plus coincés par la répression gaulliste qui, en temps d’Algérie comme en 68, s’immisçait dans nos livres comme dans nos vies privées, mais la présence de groupes de pression économiques et politiques a largement pris la place laissée par l’Etat, et leur pouvoir n’est pas que symbolique. Interdictions et autres décisions permettent à la censure de faire encore son oeuvre. En remettant en cause le seul sous-titre d’un document dont le contenu n’est pas contesté, le laboratoire qui produit le Médiator a été suivi par le Tribunal de Brest et les éditions ont été condamnées à supprimer ce qui fait outrage, et qui remettait en question le coeur d’une entreprise, son savoir-faire et sa crédibilité. Cette décision ne répond donc pas à la question posée par le sous-titre: Combien de morts? Question simple et factuelle, qui est donc retirée comme infâmante.

Pour mieux comprendre cette affaire, nous proposons en suivant le texte que Charles Kermarec de la librairie Dialogues a mis en ligne sur son site.

Soutien confraternel à notre libraire breton, bon navigateur, mais victime d’une météo imprévue.

Christian Thorel

PS. Ce qui touche à l’acte de censure est trop grave pour avancer sans connaissances. Des travaux sérieux sont consacrés, on s’y reportera. Nous proposerons dans notre site, très prochainement, une bibliographie sur le sujet. Son histoire, ses origines, ses méthodes, sa géographie, son actualité.

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